Re: Re: reorganisation and destruction of irish catholic churches

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Praxiteles
Participant

St Jean le Rond, Paris

The church appears to have been demolished in 1748:

Saint-Jean-le-Rond
De l’église Saint-Jean-le-Rond, qui flanquait la cathédrale parisienne jusqu’en 1748 et qui en abrita jusqu’à cette date les fonds baptismaux, on ne sait au final presque rien1. Selon l’abbé Lebeuf, le baptistère originel, déjà dédié à saint Jean-Baptiste, se dressait près de la Seine, peut-être à l’emplacement ensuite occupé par Saint-Germain-le-Vieux2. En fait, il est beaucoup plus probable, à en juger par son emplacement, que le baptistère n’a jamais été déplacé. Il se situe en effet à peu près au milieu du bas-côté nord de la cathédrale primitive, emplacement habituel des baptistères de cathédrale dans la Gaule de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge. C’est lui qui aurait accueilli le corps de saint Germain lorsqu’il fut mis en sûreté dans la Cité en 881, par crainte des Normands3. Le premier bâtiment à occuper cet emplacement devait avoir un plan centré, dont témoigne, jusqu’à l’époque moderne, la titulature du baptistère. L’église fut ensuite reconstruite d’après un plan rectangulaire, au xiiie siècle selon l’abbé Lebeuf4.

Trois éléments permettent de confirmer et d’affiner cette datation, malgré la disparition de l’église. D’une part, sa façade est exactement alignée avec celle de Notre-Dame, érigée au début du xiiie siècle. D’autre part, nous disposons d’une représentation très partielle de sa façade dans un tableau du maître de Saint-Gilles, aujourd’hui à la National Gallery de Washington5. Le saint évêque, personnage principal du tableau, se tient en effet devant la porte de Saint-Jean-le-Rond. Celle-ci est peu visible, mais la précision du peintre permet de l’analyser. Le portail, dépourvu de statues et colonnes, était surmonté d’un gâble triangulaire, amorti par une console. Dessous, une archivolte rehaussée de billettes retombait, via un large tailloir, sur une colonnette sommée d’un chapiteau aux feuilles lisses recourbées en larges boules. L’archivolte est caractéristique du décor architectural des deux premières décennies du xiiie siècle parisien. Quant au chapiteau, sa représentation a permis d’identifier parmi les fragments exhumés lors des fouilles du parvis un chapiteau provenant de ce portail, ce qui confirme sans plus d’hésitations la contemporanéité de la façade de Saint-Jean-le-Rond et de celle de Notre-Dame.

Cette façade n’est cependant pas celle que connut l’abbé Lebeuf. À un moment indéterminé, mais probablement au début du xviie siècle, à en juger par le style, elle a été remplacée par une façade classique. Le portail, en plein cintre, était encadré de deux colonnes doriques supportant un entablement simple et un fronton portant trois statues (ou trois flammes ?), à en juger par une gravure de Pérelle6. Au-dessus, une simple rosace, puis un large fronton triangulaire, derrière lequel s’apercevait un clocheton assez simple.

Malgré la multiplication des paroissiales de la Cité après la réforme de Maurice de Sully, Saint-Jean le Rond conserva longtemps un rôle central dans les cérémonies baptismales7. Ainsi, vers 1311-1316, on y baptisait toujours solennellement, par immersion, à Pâques et à la Pentecôte8. Outre sa fonction de baptistère, le jour de Pâques, Saint-Jean-le-Rond jouait aussi un rôle dans la répartition de la cure des âmes de l’île de la Cité. Au xiie siècle, elle était dotée de deux prêtres, en charge des domestiques des chanoines et des sergents de Notre-Dame, et plus largement, des laïcs vivant dans le cloître, ainsi que du soin des malades9. En 1296, on leur adjoignit trois diacres et trois sous-diacres. Les huit étaient chanoines de Saint-Jean-le-Rond, mais non de Notre-Dame, différence hiérarchique que le chapitre leur rappela à maintes reprises10. Si la population à la charge de Saint-Jean-le-Rond était à l’origine réduite, la plupart des habitants du cloître étant des clercs, elle alla en s’élargissant à mesure que les chanoines développèrent la location de leurs maisons11. Il fut cependant décidé de supprimer l’église en 1748, au motif que les bâtiments menaçaient ruine12. Un tel motif peut surprendre à propos d’une église qui avait fait l’objet de travaux importants à peu près un siècle auparavant, mais il faut se souvenir que l’on était alors au plus fort de la réorganisation des paroisses de l’île de la Cité, qui avait abouti à la suppression de nombre de petites églises. La cure, le baptistère et les chanoines furent alors transférés à l’est de la cathédrale, à Saint-Denis-du-Pas, où ils cohabitèrent avec les chanoines du lieu jusqu’à la suppression de l’une et l’autre cure à la Révolution13. L’église elle-même fut détruite et ses matériaux réutilisés lors de la reconstruction de la grande porte du cloître par Germain Boffrand en 1751.

Chapiteau engagé

FNI 68
1. Voir en dernier lieu Dec03-3 dont ce texte est une forme remaniée.

2. C’est en tout cas la théorie de Chr47, p. 20, qui résulte peut-être d’une confusion.

3. Leb63, t. I, p. 13.

4. Id., p. 14.

5. Scènes de la vie d’un saint évêque, vers 1500, inv. 1952.2.14. Il a été utilisé une première fois pour analyser la façade de Saint-Jean-le-Rond par Heb49.

6. BnF, Est., Va 253.

7. Fri59, p. 116.

8. Vid13, p. 348.

9. Dum91, p. 19.

10. Id., p. 20-21.

11. BD03.

12. Dum91, p. 29.

13. Id., p. 29-32.

Xavier Dectot

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